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Diapason # 717(12/2022)
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CPO 555216



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Analyste: Denis Morrier

 

Le claveciniste du prince Borghèse fut pendant un demi-siècle le musicien d'élection de toute l'aristocratie romaine, de la reine Christine aux cardinaux Pamphili et Ottoboni. A côté de son œuvre pour clavier (bien servi par le disque), Pasquini laisse une abondante production vocale de cour, comprenant plusieurs cantates, oratorios et surtout une quinzaine d'opéras, pour la plupart destinés au Teatro Capranica de Rome.

Sa tragicomédie Idalma (1680) n'est pas sans évoquer l'histoire de Don Juan. Promis à Idalma, l'orgueilleux Lindoro veut séduire Irene, l'épouse de Celindo. La vengeance de la fausse ingénue sera calmée par une extraordinaire révélation. D'une singulière richesse, la partition tire un trait d'union entre les écoles vénitiennes et napolitaines : les récitatifs, parfois accompagnati, sont assouplis par l'héritage du recitar cantando, tandis que les airs, de plus en plus fleuris, conservent de modestes proportions.

L'interprétation de ce pur joyau baroque captée au Festival d'Innsbruck 2021 est particulièrement soignée. Imprimant une vitalité théâtrale à son plateau, Alessandro De Marchi peut compter sur un orchestre profus et coloré (magnifique Sinfonia d'ouverture, où se profile le goût français). La réalisation du continuo (avec harpe triple, deux claviers et trois théorbes) offre de réjouissantes doublures aux parties orchestrales dans les épisodes contrapuntiques. Vivement contrastées, les voix sont ainsi conformes à la psychologie des personnages. L'écrasant rôle-titre échoit au soprano chaleureux d'Arianna Vendittelli, qui excelle dans les airs pathétiques et les duos languissants (« Perché speri »), mais manque parfois de légèreté dans la vocalise (« So ch'estinse poco a poco »). Sa rivale, incarnée par Margherita Maria Sala, lui oppose un contralto alliant dramatisme et souplesse de vocalisation (émouvant « Per convincer di rigido amante »). La tessiture excessivement aiguë de Celindo dénature parfois le timbre de Juan Sancho, quand Rupert Charlesworth apporte au personnage ambigu de Lindoro héroïsme et séduction. Enfin, le soprano plutôt juvénile d'Anita Rosati tranche avec la basse vigoureuse de Rocco Cavalluzzi pour camper un délicieux duo de serviteurs avisés, culminant en une Ciaccona endiablée. Une belle découverte.

 

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