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Jean-Philippe Grosperrin De Zoroastre, le disque ne connaissait que le remaniement de 1756 - les intégrales de Kuijken et de Christie ne sont pas sans défauts. La version originale de 1749, considérablement différente, est ici une révélation, où la transe infernale de l'acte IV, sommet s'il en fut, s'achève de façon plus surprenante. Curieux opéra d'ailleurs, où le tableau prime : le rite sacré dans l'aurore indienne se déploie hors intrigue et les opposants haineux sont moins personnages que figures, tant importaient un spectacle nouveau et le propos (philosophique, nourri de maçonnisme) du librettiste Cahusac. Rameau, avare d'airs, fascine par de grandes séquences intégrant divers éléments dans une continuité évolutive - les chœurs, spatialisés, sont très mouvants eux-mêmes. Cette temporalité fait triompher l'orchestre, ses bassons aux jeux infinis, ses clarinettes (nouveauté alors à l'Opéra) secondant les hautbois. Dans le sillage de leur récent Acanthe et Céphise (Diapason d'or, cf. no 706 ), avec un continuo royal, historiquement informé (trois violoncelles et une contrebasse avec le clavecin), Alexis Kossenko et ses musiciens donnent à entendre tout cela, et plus encore, tant le chef se situe toujours à l'exact point d'équilibre entre majesté et grâce, soutien et souplesse, rigueur et poésie. L'acte II est magique de tact, les danses affirment sans faillir leur caractère propre en situation. Alors un monde s'ouvre à nous, comme quand Reinoud Van Mechelen ouvre la bouche : voilà bien la manière inspirée de ces rôles que créa Jélyotte. Jodie Devos n'est pas moins admirable, qui réunit lumière, précision jusque dans l'ornement, sensibilité, chair dans le medium (« Peuples, accourez », saisissant), séduction de l'Ariette lente au dénouement. Face à eux, les maléfiques paraissent un peu en retrait. Le soprano patiné de Véronique Gens est à la peine dans la fière Erinice, avec un verbe trop souvent encombré. Quant à la haine sorcière qui anime Abramane, se sent-elle assez chez un Tassis Christoyannis en panne de noirceur, de tranchant (vibrato parfois importun) ? En séide, David Witczak s'affirme, lui, par l'intelligence incisive de la déclamation, de même Mathias Vidal dans la fureur (son Abénis stressé est gêné dans la nuance). Bravo aux silhouettes sopranos, et surtout à un Chœur de chambre de Namur des meilleurs jours, d'une mobilité parfaite dans la réponse. Ensemble exceptionnel ! Alexis Kossenko et sa troupe savent comme Zoroastre « l'art de faire des heureux |
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