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Analyste: Anne Ibos-Augé Éclipsé par Juan Hidalgo et Sebastian Duron, plus célèbres que lui, José de Baquedano était néanmoins suffisamment renommé pour avoir été réclamé au poste de maître de chapelle de Saint-Jacques-de-Compostelle, cathédrale où il officia de 1681 à sa mort. Messes, lamentations, psaumes, motets, cantiques constituent l'essentiel de la production religieuse de ce frère trinitaire natif de la Navarre, qui laisse aussi une cinquantaine de villancicos et une sonate instrumentale. Albert Recasens se penche ici sur les compositions destinées à ladite cathédrale. Les motets sont à simple, double ou triple chœur, avec continuo ou instruments solistes (Lamentations III du jeudi saint à six voix et deux violes), l'écriture homophone ou contrapuntique, parfois en alternatim (Miserere). De prime abord, la musique peut sembler sévère, ses tempos modérés un rien uniformes : Baquedano privilégie textes doloristes et longues mélodies héritées du plain-chant. Une écoute attentive permettra toutefois de déceler une palette de contrastes dessinant un délicat clair-obscur et une rhétorique raffinée. Simples figuralismes (Assumpta est Maria, Laudate Dominum), intervalles disjoints (Interveniat pro nobis), lignes dépressives (Miserere), dissonances expressives (Lamentations I) côtoient de subtiles « mises en scènes discursives », telles les lignes contradictoires évoquant le vieillard et l'enfant (Senex puerum) ou le dessin de la croix (Ocrux). Les musiciens de La Grande Chapelle excellent à ce jeu, qu'ils secondent d'une étoffe instrumentale inventive, respectueuse des équilibres : lignes étirées et motifs brefs n'occultent jamais la perception du texte, dont la prononciation hispanisante est finement restituée. Saluons enfin une notice érudite et savamment illustrée.
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