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Diapason # 715 (10/2022)
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Glossa 
GCD924013

Château de Versailles 
 CVS073

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Analyste: Jean-Christophe Pucek

Concordance des temps. Après son opéra Hypermnestre (cf. no 684), deux disques sans doublon ressuscitent une partie de l'œuvre sacré de Gervais. Attaché, dès 1697, au service du futur Régent, il dut à son appui d'obtenir en 1723 un des quartiers de sous-maître de la Chapelle royale. Bien qu'on lui prête d'avoir déclaré que son « talent n'était pas celui de la musique latine », la qualité de ses partitions leur valut d'être encore jouées quarante ans après sa mort.

Gervais s'inscrit dans le sillage de Lalande, dont il s'inspire de près pour construire en partie la progression tonale de son Super flumina Babylonis. Ne voir en lui qu'un suiveur serait néanmoins une erreur. Il imprègne ses grands motets d'une théâtralité nourrie par son expérience lyrique sans jamais verser dans le spectaculaire d'un Mondonville. Son goût affirmé pour la couleur instrumentale va de pair avec une concentration de la texture orchestrale, des audaces harmoniques (les dissonances alla Pergolesi du Miserere).

Dans l'album publié par Château de Versailles Spectacles, on apprécie un chœur du Concert Spirituel précis et plein d'ardeur, conjugué à un orchestre, fruité, transparent mais conservant matière et assise (Brice Sailly, excellent aux claviers). Les voix solistes trouvent un juste équilibre entre mordant et lyrisme. Les dessus sont limpides mais incarnés (« Jubilate Deo » du motet éponyme), ce qui n'est pas toujours le cas de leurs collègues masculins, parfois surexposés (« Filia Babylonis » du Super flumina Babylonis ) ou manquant de noblesse (« Scitote » dans le Jubilate Deo). Le choix de l'apparat opéré par Sylvain Sartre, d'emblée séduisant, se révèle un peu court dans le Miserere, qui gagnerait à plus de profondeur.

Chez Glossa, l'approche de György Vashegyi diffère, plus soucieuse d'intériorité que de faste. Elle peut paraître d'abord un peu timide en regard de celle de Sylvain Sartre mais laisse sans doute une empreinte plus durable. La réalisation chorale impressionne par son ampleur maîtrisée, sa solennité en accord avec le propos de la musique - qui sait aussi rutiler dans le Te Deum. Les solistes rendent l'émotion palpable, saisissante dès l'imploration riche en chromatismes du trio liminaire de l'Exaudi Deus : taille éloquente (« Vide Thoma » dans l'Ofilii et filiae), basse-taille fervente (Récit de l'Usquequo Domine). Les dessus, hélas, ne sont pas toujours idéaux : il leur manque un rien de clarté (« Confitebor », du Judica me Deus), d'aisance (« Illumina oculos » de l'Usquequo Domine). L'Orfeo Orchestra affirme une présence chaleureuse, attentive à souligner l'invention du compositeur.

Deux disques complémentaires, tous deux réussis et indispensables, à la gloire du grand motet versaillais.

 

 



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