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Analyste: Olivier Fourès Quand un violoniste « moderne » enregistre « ses » Saisons, le critique ne peut s'empêcher de flairer le probable coup marketing. Et plus le violoniste sera fameux, plus le critique sera sur ses gardes… Et surpris, comme ici, de se voir en partie détrompé. Certes, ceux qui cherchent avant tout dans ces pages la créativité ornementale, le chien « déchirant », les mouches qui ne vous lâchent plus, l'ivrogne qui titube et hoquette, en seront pour leurs frais : les « bruits » notés par Vivaldi restent ici lettre morte. Ceux qui, au contraire, ont la nostalgie d'I Musici ou des Solisti Veneti, trouveront à Lausanne un orchestre bien huilé et confortablement assis, avec un clavecin prudemment installé à l'arrière-plan : ils pourront aller à la chasse en pantoufles.
Mais voilà : Vivaldi fut un violoniste extraordinaire, Renaud Capuçon l'est aussi. Sa technique sans faille, sa sonorité splendide (particulièrement dans les moments lyriques) n'étonneront personne. Contrairement à ses affinités avec le Prêtre Roux. En confiance avec cette musique qu'il connaît sur le bout des doigts, Capuçon se laisse posséder par le geste du violon vivaldien : des élans, des attaques, des dynamiques sans aucun filtre esthétique apparaissent. On trouve donc d'excellentes « idées », comme ce dernier volet de L'Hiver, abordé avec retenue : l'éternité qu'il contient (la mort se situe à la fin de L'Automne) se dévoile, tout comme ses souvenirs fantomatiques, ce qui donne à la fracture finale toute sa « joie » terrifiante.
Il aurait
été préférable de trouver, en complément, trois autres concertos de Vivaldi,
plutôt que ces deux du Chevalier de Saint-George qui, même « joliment » joués
(avec un petit clin d'œil à L'Eté dans une cadence), souffrent de ce
voisinage écrasant. |
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