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Analyste: Anne Ibos-Augé Représenté en 1746, alors que Rameau triomphait, l'unique opéra de Leclair n'obtint guère de succès. Venu tardivement à la scène, le compositeur livre pourtant un joyau : goûts italien et français réunis, écriture variée, orchestre raffiné, fusées et bariolages, lignes brisées et harmonies abruptes. Le livret d'un certain Albaret combine deux épisodes de pétrification empruntés à Ovide : le prologue narre celui des Propétides, châtiées par Vénus pour avoir nié sa divinité ; la transformation de Scylla en rocher par Circé, jalouse qu'elle lui ait été préférée par le dieu Glaucus, alimente les cinq actes de la tragédie.
Chœurs homophones ou contrapuntiques, récitatifs et airs souples font la part belle au texte. L'instrumentation, colorée, souligne la voix ou rehausse les danses - ici jouées avec clavecin, contrairement à l'usage de l'époque.
L'interprétation déçoit quelque peu. La fougue de Mathias Vidal (Glaucus) nuit parfois à la continuité de son discours. La Scylla de Chiara Skerath souffre d'un vibrato souvent excessif et d'une prononciation peu idiomatique, mal assortie à celle de son amant dans leurs rares duos. SI le choix de sopranos féminins pour les Propétides diminue leur singularité, Cécile Achille et Lili Aymonino y convainquent - comme d'ailleurs leurs Dorine et Témire. La vraie réussite vient ici de Florie Valiquette (Circé) qui, si elle opte pour des choix très différents de Rachel Yakar (avec Gardiner chez Erato), joue superbement la magicienne amoureuse et rebutée, de la caresse à la raucité ricanante. Quant à l'orchestre, moins hiératique (mais aussi moins touchant) que celui de Gardiner, il dispense couleurs et contrastes. Tant pis si le continuo - deux clavecins et un théorbe, alors que ce dernier disparaît de la fosse de l'Académie royale de musique après 1734 - souligne systématiquement les accents par des arpèges serrés de cordes, façon rasgueado.
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