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Outil de traduction |
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Analyste: Denis Morrier En 1597 était représentée à Florence la Dafne de Jacopo Peri, le premier opéra répertorié. Si la musique en est hélas perdue, le livret de Rinuccini nous est parvenu. Il a été repris, tel quel, en 1608 par Marco da Gagliano (la partition a cette fois survécu) puis, fidèlement traduit, en 1627 par Heinrich Schütz. Cette troisième Dafne - jouée à Torgau pour les noces de la duchesse de Saxe avec le Landgrave de Hesse - constituait le premier opéra de langue allemande.
La partition ayant disparu lors de la Guerre de Trente ans, Reinhard Seehafer se livrait il y a quinze ans à une « reconstitution » basée sur d'autres pages de Schütz, dont la présentation (à Torgau en 2007) n'a pas été documentée par une captation. Lacune que vient enfin combler le chef et cornettiste Roland Wilson, dont la propre « reconstruction » emprunte et parodie Schütz mais aussi ses contemporains (Nauwachs) et ses modèles italiens, en particulier Monteverdi (« Chiome d'oro », déjà adapté par Schütz lui-même en « Güldne Haare »), ou encore Marini (pour les ritornelli ) et Gagliano (dans les épisodes de stile recitativo). La proposition de Wilson, plus spéculative que celle de Seehafer, convainc d'autant mieux qu'elle est défendue par un plateau homogène et séduisant (noble et agile Apollon de To-bias Hunger, lumineuse Daphné de Marie-Luise Werneburg). Wilson a aussi pour lui un ensemble instrumental attentif et investi, dont les riches et savoureuses colorations se révèlent conformes aux usages saxons du temps de Schütz (avec cordes, vents divers et continuo profus). Une évocation imaginative et efficace.
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