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Analyste:
Guillaume Bunel Possible descendant d'un esclave africain, le musicien portugais Vicente Lusitano ne fut pas seulement un important théoricien du contrepoint improvisé et de la musica ficta, mais aussi l'auteur d'un recueil paru de son vivant (1551) à Rome, le Liber primus epigramatum. Les motets de quatre à huit parties que Rory McCleery y a puisés adoptent un contrepoint imitatif dont la densité et la grande sophistication ne sont pas sans évoquer le style de Nicolas Gombert. Montrant un impressionnant savoir-faire technique, ils exploitent un éventail varié de procédés compositionnels : motets sur cantus firmus ; réécritures de motets préexistants, empruntés notamment à Josquin ( Inviolata , Praeter rerum seriem et Salve regina ) ; motets utilisant des sujets chromatiques (spectaculaire Heu me, Domine).
Distribués d'un à quatre par voix, les quinze chanteurs dirigés par le jeune contre-ténor et chef anglais font preuve d'une superbe délicatesse, et dès les premières notes, suscitent l'émerveillement. Une légère mise en avant de la voix supérieure, loin d'effacer les autres parties, les tire vers plus de légèreté, et contribue à maintenir une sonorité envoûtante, céleste, tout au long du programme. Les phrasés d'un extrême legato, la suavité exquise mais un peu uniforme gagneraient toutefois à plus de netteté dans la prononciation du texte et à un peu plus d'insistance sur les finesses rhétoriques de l'écriture.
Déjà salué par un Diapason d'or pour un précédent album dédié à William Byrd (Delphian, 2019), l'ensemble confirme néanmoins la très haute qualité d'un travail qui s'aventure volontiers hors des sentiers battus, et contribue à la redécouverte de répertoires peu connus.
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