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Analyste:
Luca Dupont-Spirio Chevalier sans autre bataille que sa douce Oriana, Amadigi brave les affronts de Dardano son rival, et surtout les sortilèges de la jalouse Melissa. Un opéra pas si seria, voué tout entier à ce désir qui prend la forme des enchantements. Florilège de pages tendres, joueuses, poignantes, véhémentes, à la musique d'autant plus riche que le livret prétend peu - seulement mettre la passion dans tous ses états. Liberté de la jeune scène lyrique à Londres, encore offerte aux vents de l'aventure entre le crépuscule des Stuart et l'aube des Hanovre, avant la tutelle de la Royal Academy qui choisira des héros plus graves. Couleurs françaises d'une trame prise chez Houdar de La Motte ( Amadis de Grèce , à l'origine pour Destouches), d'un orchestre où chantent et dansent hautbois, flûte, basson, trompette.
Trente ans après le luxe vocal de Minkowski (Nathalie Stutzmann, Jennifer Smith, Bernarda Fink, chez Erato), quinze après l'ardeur de Lopez Banzo (Ambroisie), cette troisième gravure réveille en fanfare l'esprit d'un chef-d'œuvre. Quelle verve, quelles attaques dans cette Sinfonia où se brise le sort de la magicienne ! Quelle plainte du théorbe et de la basse quand le héros croit mourir, quels soupirs des cordes quand s'éteint Melissa !
Plus vaillant qu'imposant, Tim Mead habite le rôle-titre sans faillir. Sorcière au venin sobre, Mary Bevan enflamme « Desterò dall'empia dite », consume son monologue final. Eloquent mais en mal de justesse, Dardano impressionne peu, quand Anna Dennis prête à Oriana sa noblesse (« O caro mio tesor »), sa force (« Affannami, tormentami »). Curnyn et son orchestre veillent partout au rythme, au souffle d'une action sans répit, rendue ici à sa fougue chevaleresque. |
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