Chef-d’œuvre ultime de
Lully (1686), la pastorale d’Acis et Galatée combine la gravité des tragédies
lyriques du surintendant et un parfum champêtre qui ouvre à une grande variété
de petits rôles, donc de couleurs vocales. Cette seconde intégrale, après Marc
Minkowski (Archiv, 1998), a pour atouts un orchestre doté d’un continuo expert
et Ambroisine Bré, jeune mezzo-soprano qui, dans le double rôle de Diane et deGalatée, propose une incarnation du texte admirable de variété expressive. Le
reste de la distribution, du solide Philippe Estèphe aux exquises Bénédicte
Tauran et Deborah Cachet, est en tout point séduisant. Hélas, dans le double
rôle d’Apollon et d’Acis, Cyril Auvity ne fait guère le poids face à la
concurrence de Howard Crook et de Jean-Paul Fouchécourt : un texte peu incarné,
des aigus difficiles et une tendance à banaliser le flux rythmique. Son
incarnation manque d’étoffe et de subtilité. D’autre part, là où Minkowski
créait, dès l’Ouverture, ce mélange de drame et de légèreté et apportait un
pittoresque délicieux aux danses, Rousset préfère une lecture souvent mécanique
qui s’en tient à une idée plutôt glaciale du style français. Dispensant des
couleurs toujours aussi prenantes, le Chœur de chambre de Namur confirme une
réputation d’excellence. La discographie n’est donc pas bouleversée, d’autant
que Véronique Gens incarne chez Minkowski la fameuse Néréide.
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