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Analyste: Jean-Philippe Grosperrin Dernier opéra achevé de Lully, cette « pastorale héroïque » réussit un équilibre neuf entre rêverie bucolique, galanterie, inflexions comiques et intensité tragique, en culminant dans la merveille d'économie et de richesse qu'est le dernier acte. Premier à succéder à la gravure pionnière de Marc Minkowski (1996, Archiv), Christophe Rousset apporte sa diligence et sa précision coutumières, sans toujours se soucier de sensualité, de tendresse, ni même de respiration : plus d'accents et de détails que d'étendue, en somme. La monumentale chaconne pour solistes (séduisantes) et chœur (excellent) paraît trop rectiligne sans l'imagination du déploiement qui charmait dans la version concurrente. L'équipe vocale, très inégale, peut-elle rivaliser avec les interprètes de 1996? La langue délicate, l'esprit mobile d'un Howard Crook, d'une Françoise Masset, ne semblent plus de saison, ni le coloris des voyelles ou la sensibilité que dispensait en Acis Jean-Paul Fouchécourt. Robert Getchell donne dans l'inerte, Philippe Estèphe manque la majesté généreuse de Neptune, Enguerrand de Hys croque ses silhouettes avec art. Malaisé dans l'aigu, Cyril Auvity sonne trop terne et stressé pour incarner un berger ou un dieu désirables, quand l'opulent mezzo d'Ambroisine Bré produit une déesse impérieuse, non sans appas, mais sans le verbe net, les finesses de ton, le frémissement aristocratique de Véronique Gens. Plus généralement, la fidélité aux signaux rhétoriques tend ici à figer ou brider l'expression au lieu de l'épanouir. Reste alors Edwin Crossley-Mercer, Polyphème d'une gravité ambiguë, mêlant autrement que Laurent Naouri la dérision et la menace - dommage que son élocution ne soit pas plus constamment claire. Mais ce n'est pas trop d'une nouvelle version pour un tel chef-d'œuvre. |
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