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Analyste: Wissâm Feuillet
Abbé romain, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit et virtuose du violoncelle, Ermenegildo Del Cinque possédait, nous apprend Ghezzi en 1737, un talent « digne d'un compositeur professionnel ». S'il est l'auteur de nombreuses cantates, d'oratorios et d'opéras perdus ou enfouis dans la poussière des bibliothèques, il apparaît surtout comme le musicien ayant le plus écrit pour son instrument : une centaine de sonates pour violoncelle seul, cent-cinquante-huit pour deux violoncelles et - plus originales, riches et denses - dix-neuf pour trois violoncelles. Comparables aux rares pièces à trois violes du répertoire français, elles tiennent la gageure de faire dialoguer les archets d'égal à égal, sans en cantonner un à la basse continue. Ludovico Minasi et ses comparses ont donc axé leur portrait sur ces sonates à trois. Ils en retiennent six, qu'ils complètent par deux sonates en duo. Les cinq interprètes font sentir avec une fermeté et une clarté de jeu appréciables tout ce que cette musique peut avoir d'enjoué et de séduisant. Dans ces sonate da chiesa, le lyrisme et le caractère suave des mouvements lents (Lento e amoroso de la no 17, Largo affettuoso de la no 5 ) contrastent avec les attaques vigoureuses et les dynamiques parfois radicales des mouvements vifs (quelle fougue dans l'Allegretto de la no 6 !). L'ensemble est porté par un continuo généreux, tant chez l'inventif Simone Vallerotonda aux cordes pincées que du côté du clavecin éloquent d'Andrea Buccarella, capté d'un peu loin. L'archiluth peut même s'illustrer occasionnellement comme une force de proposition mélodique : voyez les ingénieux contre-chants brodés par le luthiste dans le Vivace con brio de la Sonate no 11. Un florilège étonnant à acquérir les yeux fermés. |
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