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Analyste: Roger-Claude Travers " Il teatro ", son premier récital vivaldien de concertos pour violon (Naïve, 2020, Diapason d'or ), fut un coup de maître pour Julien Chauvin et son Concert de la Loge. Leurs qualités se confirment ici dans un autre univers stylistique : celui des concertos dédiés à ou copiés par le violoniste Pisendel, qui rencontra Vivaldi à Venise en 1716-1717. Il les importa à Dresde où ils firent les beaux jours de l'orchestre, jusqu'à ce que les liens entre Vivaldi et son élève saxon se relâchent, aux environs de 1725. Si les œuvres au programme sont toutes connues, les nouveaux venus n'entrent guère en concurrence de versions mémorables, sauf pour le RV 226 , brillamment joué en 2018 par Lina Tur Bonet (Pan Classic) et le RV 340, immortalisé par Milstein en 1963 (Emi). Les traits dominants de l'interprétation se dessinent dès le RV 314a : de l'esprit, de l'aisance, mais aussi des tensions, avec des ritournelles aux contrastes dynamiques marqués dans les mouvements rapides et des libertés expressives dans les passages virtuoses, articulés avec soin. La sonorité enjôleuse de Chauvin rappelle combien Pisendel, amateur de figures acrobatiques et de textures rudes en doubles cordes dans les sections vives, aimait aussi le beau chant sentimental. Cela nous vaut un superbe Adagio. Imaginerait-on une Anna-Maria, l'élève friande de textures complexes et raffinées, se lancer dans le vigoureux Allegro ouvrant le RV 226 ? Sans doute pas. Quel contraste avec la sarabande lumineuse du Largo , délicatement soutenue par les archets en pizzicato ! Reste que Tur Bonet distillait dans les mouvements lents une émotion que l'on ne retrouve pas entièrement ici. Chauvin aborde avec panache le RV 369, solennellement introduit en rythme pointé. S'y impose le climat d'un grand concerto d'exhibition plus tardif (ca 1725), avec son long passage en arpèges dans l'Allegro ma poco et ce curieux épisode en suraigu dans le finale aux figures solistes alambiquées. Écoutez, dans le sombre RV 237 où Shlomo Mintz s'ennuyait un peu, comment Chauvin, abandonnant la mélodie au tutti, joue les funambules avec ces arpèges interminables de l'Allegro initial. Et ces doubles cordes rageuses dans l'Allegro conclusif ! Le brillant RV 225, dont Vivaldi citera des passages dans son RV 582 in due cori, réserve d'autres plaisirs. Et le RV 340 trouve une version digne d'être comparée à celle de Milstein, avec moins de finesse mais un orchestre à la carrure autrement ferme et un art de l'ornementation (Adagio ) exemplaire. Même s'il semble parfois un peu trop démonstratif, Le Concert de la Loge s'affirme comme un acteur majeur de la nouvelle génération vivaldienne. |
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