Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Outil de traduction |
|
Analyste: Anne Ibos-Augé Thomas Shadwell pour le livret, Matthew Locke et Giovani Battista Draghi pour la musique : tel était le trio choisi par Thomas Betterton, conseiller musical de Charles II, pour élaborer Psyche, premier « opéra » anglais. Le terme est employé par Locke lui-même dans la préface de l'édition et si de nombreux dialogues parlés rappellent encore le mask, le compositeur fait de cette particularité la signature du génie britannique. Le livret trouve son origine dans le même épisode de L'Ane d'or d'Apulée que Les Amours de Psyché et de Cupidon de La Fontaine (1669), et la tragédie-ballet Psyché de Lully (1670). Au couple d'amoureux s'ajoutent rivaux et jaloux, dieux et nymphes, démons et furies (Psyché doit se rendre aux enfers, parcours initiatique prometteur de scènes typiques du genre). Danses françaises ou insulaires, scènes « rustiques » et burlesques plus spécifiquement anglaises complètent le tableau De la musique, seule nous est parvenue la part de Locke ; celle de Draghi ne figure pas dans l'édition. Pour pallier les manques, Sébastien Daucé puise à deux sources : les pages instrumentales de Locke et le recueil de danses The Rare Theatrical, destiné aux théâtres de l'époque. Choix assumé, comme l'insertion de la plainte italienne de la Psyché de Lully (transposée et écourtée), dont l'esthétique se démarque nettement du reste. Récitatifs, airs simples ou à ritournelles, (rares) duos et trios, chœurs contrapuntiques ou homophones, danses, symphonies instrumentales : la musique de Psyche est d'une grande variété, jusque dans ses surprises harmoniques et métriques. Surtout, elle épouse au plus près un texte conçu par Shadwell comme une véritable « avant-musique ». Pour servir cette riche reconstitution, les chanteurs endossent avec aisance de multiples rôles, démons et furies parfois volontairement enlaidis mais sans jamais sombrer dans la vulgarité. Saluons des phrasés fluides et une articulation soignée, même si l'anglais n'est pas toujours idiomatique. Alternant énergie et délicatesse, la direction de Daucé offre un bel éventail de nuances, avec un respect scrupuleux de la partition. |
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews