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Analyste: Jean-Christophe Pucek Après les deux Passions, il était logique que René Jacobs revienne à la Messe en si, gravée une première fois déjà avec le RIAS Kammerchor et l'Akademie für Alte Musik (Berlin Classics, 1993, Diapason d'or ). Plus alerte, la nouvelle mouture ne faillit pas à l'habitude du chef de remettre à plat la tradition interprétative : adoptant les vues du musicologue Wilhelm Ehmann (1904-1989), il divise le chœur à la manière d'un concerto grosso, faisant alterner ripieno, concertino et solistes. Cette variation d'effectifs offre au KyrieI un caractère mouvant, une aération séduisante, à l'opposé d'une vision trop marmoréenne. Les choses se gâtent avec un Christe qui ne respecte pas la distribution vocale voulue par le compositeur, et que parasite un luth indiscret. Tout aussi importun dans l'Agnus Dei, ce dernier distrait l'émotion instillée par Helena Rasker. On se laisse, en revanche, volontiers gagner par le rebond du Gloria (quelle pulsation !), l'atmosphère presque immatérielle de l'Et in terra pax. Tandis que déçoivent un Laudamus te approximatif de chant comme de placement, et un Quoniam poussif malgré la lisibilité, la noblesse de Christian Immler. On a aussi connu Cum Sancto Spiritu plus effervescent. Dévolue aux solistes, la séquence Et in unum Dominum-Crucifixus retient par son éloquence, sa délicatesse, mais l'Et resurrexit souffre d'une réalisation chorale pataude, quand la curieuse agitation qui parcourt le Sanctus ne favorise guère la cohésion des différents pupitres. L' Agnus Dei est plus chanceux : porté par un chœur fervent, un orchestre fidèle à sa manière incisive, il resplendit avec éclat. Cette interprétation passionnante pour ses partis pris, inégale dans sa réalisation, ne bouleverse pas une discographie dominée, entre autres, par l'équilibre rayonnant de Frans Brüggen (Philips, 1990). |
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