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Analyste: Guillaume Bunel Le titre, « Josquin le mort-vivant », ne manque pas de surprendre. Bien que le thème du memento mori irrigue tout l'art du siècle, il ne fait pas l'objet d'un traitement particulièrement notable dans l'œuvre du maître franco-flamand. Ne vous fiez pas au texte de présentation rempli d'approximations et de contrevérités. A l'en croire, Josquin, à la fin de sa vie, aurait été obsédé par une « pulsion de mort », et les œuvres au programme de ce disque, puisées dans le Septiesme Livre de chansons publié par Susato à Anvers, mettraient en scène rien de moins qu'une « mort symbolique auto-représentée ». Sous couvert d'une relecture postmoderne et vaguement freudienne, Björn Schmelzer offre une sélection semblable à celles gravés par les ensembles Musica Nova ou Clément Janequin (cf. no 698 ). Malgré ces travers agaçants, les partis pris interprétatifs de Graindela-voix ne manquent pas de faire réfléchir. Les tempos souvent excessifs, d'une extrême lenteur dans les pièces les plus mélancoliques et d'une célérité ailleurs parfois déraisonnable, suscitent par moments une atmosphère paisible plutôt séduisante ( Douleur me bat ) ou mettent en lumière certaines particularités structurelles ( Petite Camusette ). L'esthétique vocale singu-lière de l'ensemble, la relative disparité des timbres, ainsi que le style déroutant de certains ornements - glissandos, ports de voix langoureux - appellent à reconsidérer notre image sonore de ces répertoires. On regrette toutefois la négligence presque totale du texte chanté, dont la diction souvent incompréhensible contredit un trait marquant du style de Josquin : l'attention portée au traitement musical des mots. |
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