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Analyste: Jean Christophe Pucek Moins connu que ses recueils à titre, mais plus diffusé, celui que Biber fit publier à Nuremberg en 1681 n'en revêt pas moins une place singulière dans son parcours. Il établit pour longtemps la réputation de virtuose du tout récent Vice-Kapellmeister de la cour de Salzbourg, bien au-delà des frontières de la cité archiépiscopale. Ces sonates pour violon et basse continue sont le point de rencontre de la tradition des maîtres italiens (Bertali), de leurs émules locaux (Schmelzer), d'échos populaires réimaginés ( Sonate no 5 ). Biber y déploie une large panoplie d'extravagances qui, de la fin abrupte de la no 3 à la scordatura de la no 6, offrent une synthèse du stylus phantasticus. Les affinités de Lina Tur Bonet avec cette musique ne sont plus à démontrer. Si les atmosphères picturales de ses audacieuses Sonates du rosaire (Pan Classics) étaient, en 2015, gâchées par un continuo envahissant, la prestation qu'elle livre ici, époustouflante de précision, de variété d'attaques comme de climats, s'impose face à une concurrence pourtant relevée - Letzbor (Symphonia, 1994), Manze (HM, 1994), Huggett (ASV, 2001), Holloway (ECM, 2002-2004). La violoniste épouse les œuvres avec un engagement total, ne laissant nulle surprise, nul vertige lui échapper. Qui d'autre, avant elle, a su rendre avec autant de luminosité les variations de la Sonate no 5, convoquer l'ombre dans l'introduction, la passacaille puis le finale de la no 6, faire jaillir de la no 1 un feu d'artifice inépuisable ? Quelle liberté, quelle sensualité partout, qui n'empêchent la fermeté ni des idées ni de l'archet ! La Parthia VII pour deux violes d'amour de l' Harmonia artificioso-ariosa offre un complément de toute beauté. Chatoyante et profonde (la plus-value d'un grand positif au continuo est indéniable), la nouvelle lecture le dispute à celle de The Rare Fruits Council (Astrée, 1996).
Semblant élaborer le discours dans l'exaltation de l'instant, Musica Alchemica porte son nom à merveille : Tur Bonet et ses partenaires inventent et déploient une palette inouïe de couleurs, de dynamiques souples ou percutantes. Une telle réussite appelle maintenant l'autre moitié du recueil de 1681. Espérons !
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