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Analyste: Philippe Venturini En décidant de ne pas suivre la partition selon son organisation traditionnelle mais en proposant un ordre personnel, Frank Peter Zimmermann indique comment il la conçoit. Débuter par la Sonate no.2 et son Grave suggère en effet une interprétation propice à l'introspection. L’oeuvre entière le confirme, depuis son premier temps, solennel et méditatif, jusqu'à son Allegro final qui envisage la virtuosité, pourtant triomphante, non comme une tribune pour l'instrument mais pour l'expression de l'âme. Âme généreuse mais manifestement mélancolique jusque dans les ornements de l'Andante.Est-ce ce que Frank Peter Zimmermann entend par «fondamentalement attaché à un certain romantisme » comme il le confiait à Michel Le Naour dans le précédent numéro de Classica ? Vraisemblablement. Le geste se déploie avec ampleur et aisance sur de longues structures mais le vibrato reste heureusement limité. La sonorité de son Stradivarius « Lady Inchiquin » de 1711, instrument « qui n'autorise pas l'à-peu-près », superbement captée, rappelle comment un des plus grands violonistes de notre temps soumet la technique à l'éloquence musicale.La Partita no 2 , par la diversité et la justesse de ses tempos, témoigne d'une parfaite connaissance de la musicologie actuelle et évite d'abandonner ce « certain romantisme », à une interprétation narcissique ou complaisante. L’élan de la Courante et celui de la Gigue suffisent à s'en convaincre. Comme on pouvait l'attendre d'un artiste de l'envergure de Frank Peter Zimmermann, la Chaconne affiche des dimensions mentales vertigineuses tout en s'inscrivant dans un cadre instrumental parfaitement maîtrisé.La Partita no 3 et son mi majeur apportent une sérénité bienvenue qu'on ne saurait cependant pas confondre avec une joie béate : la Loure et son dessin aérien, la Gavotte et son élasticité, la Bourrée et son entrain, la Gigue et son rebond ternaire filtrent toujours la lumière, l'accueillent dans un demi-sourire. L’aveu d'un romantisme certain? |
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