Texte paru dans: / Appeared in: |
|
 |
Outil de traduction |
|
Analyste: Jean-Christophe Pucek Ce n'est pas tous les jours qu'un ensemble francophone ose se confronter aux si britanniques Coronation Anthems de Handel. D'une pompe toute de circonstance, ces pages sont pensées avec un souci d'efficacité qui, à chaque mesure, révèle le dramaturge. Le « compositeur pour la chapelle royale » de George Ier y célèbre le couronnement de son fils (1727) avec un faste que retrouvera le Te Deum, magnifiant la victoire du souverain sur les Français à Dettingen (1743).
Hervé Niquet a déjà prouvé ses affinités avec Handel dans une mémorable Water Music (Glossa, 2003). Nous retrouvons ici le même parti pris d'effectifs fournis : pas moins de six bassons, dix hautbois et huit trompettes s'ébrouent (au prix, parfois, de quelques menues glissades), rutilent, apportant à ces pages une assise, un éclat peu communs (« Alleluja » de The King shall rejoice ). La volonté d'impressionner n'est cependant pas univoque : finesse (« Let justice » dans le HWV 259 ), sensibilité (« To thee all angels » dans le HWV 283 ) sont aussi au rendez-vous. Vaillant, fluide, le chœur atteste un réel engagement (« O Lord » conclut le Te Deum dans une belle atmosphère de ferveur) qui fera passer sur quelques problèmes de cohésion ( Zadok the Priest ), sa lisibilité se trouvant parfois brouillée par une prononciation perfectible de l'anglais.
Ces œuvres ont jadis toutes été gravées pour Archiv par Simon Preston, inégalé dans le Te Deum (1984, Diapason d'or ), mais depuis surpassé, dans les Anthems (1982), par la perfection formelle des Sixteen (Coro, 2009) et surtout par l'urgence dramatique de Laurence Cummings (Accent, 2016). Malgré la vertu de ses audaces, Le Concert Spirituel ne peut rivaliser avec la suprématie de ses prédécesseurs anglo-saxons. |
|
