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Analyste: Roger-Claude Travers Contrairement à un Geoffroy Jourdain qui rendait le Gloria et le Credo à l’effectif et aux tessitures en usage à La Pietà en 1715, Paul Agnew choisit de les intégrer tels qu’ils nous sont parvenus à une « grande messe vénitienne » imaginaire. Le Kyrie, destiné à une célébration solennelle vers 1727, y trouve naturellement sa place. Pour les Sanctus, Benedictus et Agnus Dei, le chef a procédé « d’une manière similaire à celle du compositeur lorsqu’il construisait ses propres œuvres », proposant des contrafacta d’après le Beatus vir RV 597, le Magnificat RV 610b et le Dixit Dominus RV 807, trois partitions des années 1727-1733.
Argumentée et cohérente, la tentative ne vise nullement à l'authenticité, comme le reconnaît Paul Agnew dans la notice. Est-ce une raison pour bouder notre plaisir ? Non, car nous attendions depuis toujours Les Arts Florissants dans Vivaldi. La mise en place très sophistiquée, souple, moelleuse, le discours scandant les paroles sacrées, la solidité de chaque pupitre impressionnent. La fugue finale du Kyrie, l'Et resurrexit du Credo porté par la joie nous comblent. Les mots du Crucifixus pénètrent comme un clou et l' Et in terra pax du Gloria se déploie dans la lenteur.
À San Lorenzo, les sections solistes étaient assumées par des chanteuses venues de l'opéra. Sophie Karthäuser et Lucile Richardot en sont dignes. Et avec quelle élégance s'enchevêtrent leurs voix dans le Christe eleison ! L'aria Benedictus qui venit, contrafactum du De torrentem du Dixit RV 807 par Lucile Richardot est un grand moment.
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