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Analyste:
Frédéric Degroote Reconstituer la musique exécutée pour la fête en l'honneur de Louis XIV lors de son passage à Rome en mai 1686 : c'est le défi que s'est lancé Emmanuel Resche-Caserta. À la tête d'une quarantaine de musiciens, le violoniste s'appuie sur la lecture des comptes rendus de l'époque et une étude approfondie des pratiques orchestrales romaines en plein air, notamment sur les concerts spectaculaires donnés Place d'Espagne à la fin des années 1680 et immortalisés par des gravures. L'œuvre de Corelli - qui dirigeait du violon - est utilisée comme fil rouge. Le programme puise ainsi dans l'oratorio Santa Beatrice d'Este écrit par Lulier et Corelli, dans les Concerti grossi de l'Opus 6 et des sonates en trio transformées en concerto grosso. Il fallait réinventer une « orchestration », avec timbales et trompettes, en rapport avec la solennité de l'événement. On pouvait craindre un empâtement de la texture, il n'en est rien, et la lisibilité est parfaite. On admire le tour de passe-passe en se laissant porter par les choix abondamment justifiés dans la notice. Autre défi : recomposer la cantate d'Alessandro Melani (1639-1703) créée pour la circonstance. Puisque seul subsiste le livret de ce « récit à la gloire du roi », les cantates conservées de l'auteur ont été passées au crible, et deux partitions ont servi de base, dont une au texte semblable à celui de 1686. Ce travail de reconstitution est défendu par l'excellente Emmanuelle de Negri qui lui insuffle une énergie parfois un rien excessive. Cela ne parvient pas à faire oublier le caractère circonstanciel de l'œuvre. Retenons donc surtout l'image d'un Corelli somptueux et triomphant. |
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