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Diapason # 714 (09/2022)
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Château de Versailles
CVS069



Code barres / Barcode : 3770011431779


 

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Analyste: Denis Morrier

 

Le moins représenté et enregistré des trois opéras de Monteverdi n'avait pas été porté au disque depuis les versions de Pearlman en 2015 et Gardiner en 2018. Dans ce nouvel Ulysse , la principale nouveauté tient à la fructueuse réflexion sur la « déclamation dans le récitatif » menée par Stéphane Fuget et exposée dans le livret. En résulte une sorte de Sprechgesang baroque dont le monologue initial de Pénélope est emblématique, le chant de Lucile Richardot se mêlant de parlando , de glissandi (en particulier dans les poignants chromatismes de « Tu sol, nel tuo tornar ») et de colorations variées (du rugueux registre de gorge jusqu'au lyrisme le plus radieux). L'effet est prodigieux !

L'orchestre est resserré : sept archets, deux instrumentistes à vent (flûtes et cornets) et un continuo riche en cordes pincées (deux claviéristes, deux théorbistes-guitaristes, une harpiste). Le chef introduit dans la réalisation de la basse continue de délicats contre-chants et souligne toutes les excentricités contrapuntiques. L'accompagnement du « Dolce mia vita » d'Eurymaque et Mélantho allie ainsi la douceur céleste des cordes pincées avec la profondeur soyeuse d'un duo de basses d'archet.

La vitalité de cette version de concert et sa puissance dramatique sont également redevables à son plateau de solistes, homogène et sans faille, où la plupart des chanteurs assument plusieurs rôles. Alex Rosen impose son autorité implacable, à la fois profond Neptune et insidieux Antinoüs. Jörg Schneider campe un Iro d'anthologie, jouant l'équilibriste entre parodie et tragédie, jusqu'au suicide final, passant du cri au rire, puis au sanglot. Marielou Jacquard se joue des vocalises redoutables de Minerve (« Fiamma è l'ira »).

Révélation : Ambroisine Bré, profond mezzo au timbre chaleureux, incarne à la fois la vieille Euryclée et la jeune Mélantho. Cette schizophrénie théâtrale, difficilement envisageable sur scène, lui permet d'exprimer à la fois les déchirements intérieurs de la nourrice d'Ulysse (vibrante scène « Ericlea che vuoi far? ») comme les ambiguïtés de la servante de Pénélope : brûlante de désir avec le prétendant Eurymaque, puis sombre manipulatrice avec sa maîtresse (tendresse insidieuse d'« Ama dunque »). To u t aussi riche de significations : la double incarnation de Juan Sancho, Jupiter à la fois sage et fulminant, mais aussi Télémaque tour à tour juvénile et fougueux, tendre et autoritaire.

Enfin, Valerio Contaldo offre un Ulysse héroïque et déchiré (poignante scène du réveil sur le rivage d'Ithaque), plus vaillant que tendre : il faut attendre le duo conclusif avec l'épouse retrouvée pour qu'opère enfin la catharsis tant attendue.

 


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