Texte paru dans: / Appeared in: |
|
 |
Outil de traduction |
|
Analyste:
Guillaume Bunel C'est dans les chansons à trois et quatre parties, étonnamment peu enregistrées en regard de celles à cinq et six parties, que Doulce Mémoire a puisé ce riche florilège. Datées pour la plupart des années 1470, quand le jeune Josquin travaillait à la cour du roi René d'Anjou, elles exploitent des techniques variées : combinaison d'un cantus firmus avec un texte vernaculaire de forme fixe ( Que vous madame / In pace ), canons audacieux et complexes ( A l'ombre d'ung buissonet , A l'heure ), chansons conçues d'après des mélodies populaires…
Tout en contrastes, le programme ménage des oppositions franches entre des fanfares explosives ou de vigoureux tutti vocaux, et des moments plus intimistes. Il mêle des œuvres très complexes et d'autres plus légères, en jouant sur une large palette de timbres : cinq voix solistes, des cordes pincées et instruments à vent - bombardes et flûtes à bec. Comme à son habitude, l'ensemble tourangeau séduit par un art consommé des enchaînements et du relief expressif qui confère au programme le dynamisme et la vie d'un spectacle. Dans les formes strophiques, un travail de distribution et d'orchestration intelligent donne la part belle au texte. Quelques œuvres de contemporains apportent des éclairages intéressants sur la richesse des pratiques d'appropriation et de réécriture propres à la fin du XVe siècle. Une notice très documentée rédigée par l'un des plus éminents spécialistes de Josquin, David Fallows, propose un état des lieux de la biographie labyrinthique du maître, assorti d'une précieuse chronologie des chansons à trois et quatre parties. Une réussite à tous points de vue.
LEUR PAROLE EST D'OR
Diapason # 714 Pour célébrer le cinquième centenaire de la disparition de Josquin Desprez, j'ai voulu faire un pas de côté, ce qui est une spécialité de Doulce Mémoire, à savoir ne pas enregistrer sa musique religieuse déjà bien présente au disque, tout comme ses fameuses chansons à cinq et six voix éditées après sa mort. Je me suis donc concentré sur les compositions du jeune Josquin au service de René d'Anjou et de Louis XI, un répertoire de chansons pour la plupart inédites au disque. Comme elles sont souvent beaucoup trop courtes, il m'a fallu trouver d'autres couplets en passant du temps sur des recueils de poésies sans musique duXV e siècle. Tant vous aime est par exemple une reconstruction, la chanson de Josquin durant trente secondes ! Le défi fut ensuite de faire entendre le rapport entre les mélodies d'origine populaire et la mise en musique savante de Josquin, de glisser de l'une à l'autre avec grâce…
Enfin, c'est comme en cuisine : on essaie, on tâtonne, on ajoute des ingrédients, on change les instrumentations, on discute, on propose, on transpose, on s'écoute. Et puis, peu à peu, sans effort et dans la détente, tout devient calme, évident et beau. » |
|
