Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Outil de traduction |
|
Analyste: La Cappella Mariana entend dresser un « portrait » complet de ce Johannes Tourout (Touront ? Taurath ?), peut-être chantre de Frédéric III de Habsbourg autour de 1460. A côté de motets et d'une messe, le musicologue Jaap Van Benthem propose la reconstitution de chansons basée sur un principe de contrefacture. Mon œil lamente a été recréé à partir de la Missa éponyme, selon le procédé de la messe-parodie qui puise son matériau dans une composition polyphonique préexistante. Rien à redire côté interprétation. L'accent est mis sur une homogénéité vocale que souligne une prise de son légèrement réverbérée. Cette relative rondeur n'occulte nullement la pensée contrapuntique : imitations complètes (mélodie et rythme) ou partielles (rythme seul) se perçoivent nettement ( O generosa nata David ), signatures de l'héritage franco-flamand de Tourout, évident jusque dans une complexité extrême ( O florens rosa ). La version instrumentale de O gloriosa regina mundi propose une très convaincante interprétation de ce type de compositions, qui se jouaient volontiers ainsi : les multiples témoignages de tablatures sur textes de chansons en sont la preuve. Palette de nuances superlative, prononciation et articulation impeccables, conduite mélodique infaillible complètent ce tableau audacieux. Il n'en demeure pas moins que les trois chansons Adieu m'amour , Mais que ce fut secretement , Fors seulement - où par ailleurs voix et instruments (bas) s'équilibrent à merveille - sont des rondeaux, dont la structure bien particulière à refrain ne saurait provenir directement d'un motet « originel ». À rebours du processus initial, reconstituer une bergerette d'Antoine de Cuise à partir de la messe qui en est (peut-être ?) inspirée, est pure conjecture. Sur tout cela, la notice n'est pas entièrement claire et seul le spécialiste de la Renaissance saisit l'ampleur du travail de réinvention. Une fois passé l'étonnement, on peut se prendre au jeu - ou pas. Et se dire que le Credo (ici supprimé) de la Missa Mon œil aurait bien valu ces fabrications, fussent-elles préalablement justifiées. |
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews