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Outil de traduction |
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Analyste: Jean-Christophe Pucek Quiconque s'intéresse à Heinrich Schütz sait l'importance sur son parcours créateur de ses deux séjours vénitiens. Lors du premier (1609-1613), il se forma auprès de Gabrieli à la pratique de la polychoralité, dont les Psaumes de David (1619) allaient offrir une éclatante démonstration. Lors du second (1628-1629), Monteverdi lui révéla les secrets d'une expressivité nouvelle qu'allait aussitôt illustrer la première collection des Symphoniae sacrae (1629). Cette exigence d'éloquence ne le quittera plus ; il l'intériorisera au fil du temps pour la mettre au service de l'expression de la foi luthérienne. Les Cris de Paris s'avancent sur des terres qui leur sont peu familières avec l'engagement, la rigueur dans la mise en place qu'on leur connaît. Ils font avec Alleluja ! Lobet den Herren une entrée dont la rutilance accroche l'oreille. Les effets de spatialisation, le rebond rythmique, le continuo fleuri : tout devrait concourir à notre bonheur. Mais croit-on à ce que l'on est en train de chanter ? Si les notes sont là, justes, l'intention ne les soutient pas. Die mit Tränen säen convainc moins encore : l'indifférence au texte y est gênante (chromatismes gommés, joie absente), conduisant la pièce au bord de l'avachissement. Avec des moyens moindres, l'Ensemble Sagittarius (Accord, 1996) livrait des Psaumes de David d'une tout autre ferveur. Si la
sensualité du dialogue Ich beschwöre euch est mieux venue, les extraits
des Symphoniae sacrae I ne tiennent pas face à la proposition de
Weser-Renaissance (CPO, Diapason d'or ) : les SWV 263-264 semblent pâteux, les
SWV 265-266 artificiels en comparaison. Un rendez-vous manqué avec l'art de
Schütz, creuset d'une alchimie complexe entre nord et sud qui ne se résume pas à
un italianisme cosmétique. |
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