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Outil de traduction |
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Analyste: Fabienne Bouvet Est-ce dû au fait que ses deux livres de suites pour luth, Testudinls Deliciae (1667) et Neue Lauten-flrüchte(1676), se trouvèrent longtemps éclipsés par les oeuvres de Weiss et de Bach ? Le compositeur et luthiste Esaias Reusner, né en Silésie, région située actuellement à cheval sur la Pologne, I'Allemagne et la République tchèque, fut pourtant celui qui initia le style français au luth en territoire germanique. Si Paul Beier avait joué son premier recueil en gardant les pieds sur terre, incisif et ancré (Stradivarius), William Carter préfère le projeter vers les étoiles, qui déploie des trésors de raffinement. En contrôlant ses tempos, en valorisant le registre aigu et en égrainant ses accords avec luminosité, le luthiste américain, ancien élève de Nigel North et membre de I'Ensemble Palladians, amplifie le caractère intimiste et contemplatif de ce répertoire. Quelle délicatesse dans ces sonorités perlées, quelle noblesse dans ces cadences murmurées, laissées comme en suspens ! Il chante, rêve, dilate le temps et déroule ses phrases en apesanteur. Au risque de perdre le fil du discours, de manquer de colonne vertébrale ? William Carter ne franchit jamais le pas de trop, et maintient l'écoute par son art subtil du cantabile : il faut écouter la Paduana en do mineur, sobrement mélancolique, ou la Sarabande en sol mineur, élégante et funambule, dont les atmosphères hypnotiques captivent de bout en bout.
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