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Outil de traduction |
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Analyste: Paul de Louit De mon temps, il y avait encore des professeurs de piano qui expliquaient à leurs élèves que « les doigts sont de petits marteaux ». Ici, ce sont de gros maillets. L'aria, lentissime, permet d'apprécier un toucher de bûcheron qui n'ira pas se raffinant avec la précipitation (Variation VIII).
« Ce projet d'enregistrement […] est le fruit d'un long cheminement ». Le résultat aurait gagné à ce que ce cheminement inclût le travail des trilles. En effet, ce que Jonathan Bénichou appelle placer le piano « à la jonction du clavecin et de l'orgue » semble être de dévider toute une table d'ornementation en donnant systématiquement un gros coup sur la première note… aussi, rarement ornement, s'insérant aussi peu dans le discours, a-t-il autant substitué la grossièreté à la grâce expressive qui est tout son objet : les Variations II à IV suffiront à vous éclairer sur ce point, notamment les hideux trilles de terminaison de la III et les coulés de la IV, qui portent bien mal leur nom ; si après ça vous tenez à persister, vous ne direz pas qu'on ne vous a pas prévenus.
Car, outre ces agréments si peu agréables, il y a encore ce soulignement à la truelle de chaque intention, de chaque motif, de chaque articulation, avec ce cognement permanent qui, dans l'acoustique « naturellement réverbérante » d'un temple, donne une impression de musique amplifiée… tout cela est épuisant. À la fin de l'écoute, je me suis repassé la version de Hannes Minnaar comme un moment de respiration et de bonheur bien mérité après l'épreuve.
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