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Analyste: Wissâm Feuillet Le prince du luth élisabéthain est loin d'être rare au disque, il est même devenu incontournable. Si Jonas Nordberg a pioché dans les pages les plus fréquentées, telles la Frog Galliard, Queen Elizabeth, Her Galliard ou Semper Dowland semper dolens, son anthologie s'écoute sans laisser aucune prise à la monotonie. Des pièces exigeantes (pas plus de deux à la suite) y alternent avec des danses ou des chansons plus légères et animées. La séduction du Prelude opère, l'interprète captant l'attention sans geste ostentatoire, par son seul art de l'éloquence. Car il n'y a rien de m'as-tu-vu chez Nordberg, qui peut se payer le luxe de tempos fort modérés. La lisibilité du discours est exemplaire et chaque double, chaque diminution, chaque ligne, chaque appoggiature fait sens sous ses doigts. En témoignent un Can she excuse dépourvu de toute agitation et profitant de chaque ornement, ou un Lachrimae méditatif, aux basses profondes, égrené avec une poésie d'un allant, même, assez inattendu. Hier magnifiquement portées au disque par Bor Zuljan (Ricercar, Diapason d'or de l'année 2020), les Fantasies ne captivent pas moins ici. Les cinq fancies qu'il a retenues, épatantes de netteté, sont défendues avec un sens de la nuance et une sensibilité exquise. Nordberg, qui semble caresser son instrument, suit un invisible fil d'Ariane dans les pièces les plus tortueuses, et y découvre, de son propre aveu, « de nouvelles couches de sens ». De quoi plaire aux passionnés.
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