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Outil de traduction |
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Analyste: Denis Morrier Belle idée de construire tout un récital autour de l'héroïne de l'Orlando furioso de L'Arioste : Angélique, la princesse convoitée par Roland mais amoureuse de Médor. Le programme aurait pu néanmoins être plus copieux et surtout plus original. Quatre airs parmi les plus enregistrés de Handel voisinent avec des pages moins connues, mais aussi de moindre intérêt. Le duel entre la trompette et la soprano, dans « Mi vedrà » de Sabadini, que Giulia Semenzato agrémente de belles notes suraiguës, devient vite fastidieux par excès de broderies et de mélismes insignifiants. L'ample mélodie du « Se t'eclissi » de Steffani est parasitée par trop d'éléments décoratifs à l'orchestre, entre contre-chant orné du violon, basse goguenarde du basson et réalisation bavarde du clavecin. « Quella man » de l'obscur Pollarolo révèle une inspiration aussi mince que celle des deux extraits de L'Angelica de Porpora, où tout n'est que formules redondantes et ornements éculés. Heureusement, le sobre et émouvant « Sol per breve » de Luigi Rossi produit les mêmes éblouissements que lorsque nous avions découvert la soprano, en 2016, dans L'Orfeo du même sous la direction de Raphael Pichon. Elle imprime aux quatre airs handéliens toute la profondeur expressive (« Mi restano le lagrime » d'Alcina ), la grâce lyrique (« Volate amori ») et même la vaillance héroïque (« Destero dall'empia dite ») attendues. Son vibrato délicat, son timbre pénétrant, sa vocalisation agile sauvent finalement ce programme, qui aurait pu s'enrichir des contributions inspirées de Vivaldi, Fux et même de Haydn, parmi tous ceux qui ont immortalisé la gracieuse, plutôt que diabolique, Angélique.
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