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Diapason # 713 (07/2022)
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A526



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Analyste: Anne Ibos-Augé


Selon le théoricien Johannes Tinctoris, le motet est « un chant de dimensions moyennes auquel on adjoint le texte d'un sujet quelconque, mais le plus souvent religieux ». On l'aura compris, le genre est protéiforme, ses styles variés. Au XVe siècle, le nombre de ses voix oscille entre trois et quatre ; il est désormais, comme à ses débuts deux siècles auparavant, intégralement en latin mais peut accueillir plusieurs textes différents (Gaude virgo/Virgo mater , Fulgens iubar/ Puerpera pura ), empruntant aux antiennes, hymnes ( Ave maris stella , au plain-chant entrelacé à la polyphonie), cantiques ou psaumes ; surtout, ces textes ne sont pas toujours notés à toutes les voix, et une seule partie peut même comporter d'assez longues sections sans paroles ( Ave Regina celorum ).

C'est cette diversité que La Reverdie privilégie dans un hommage à Marie, figure particulièrement présente depuis Saint Louis, dans la musique comme dans la littérature. Nous sommes ici à la cour ferraraise des Leonello puis Borso d'Este. Quatre compositeurs se partagent cette guirlande dévotionnelle : les Anglais Dunstable et Power ; les Franco-Flamands Binchois et Dufay. Bien que non spécifiquement documentée, l'association des instruments hauts et bas convainc. Si l'on pourra trouver exagérée la systématisation des percussions, l'usage des sacqueboutes pour jouer la teneur ( Ave regina celorum , Fulgens iubar ), celui du cornet nimbant le superius de délicats ornements ( Magnificat , Alma redemptoris mater ) ajoutent une dimension polychrome bienvenue.

Le bilan reste toutefois mitigé. La multiplicité des combinaisons à l'intérieur d'une même pièce frise parfois l'outrance ( Magnificat ). Malgré quelques jolis effets d'échos dans les propositions contrapuntiques, malgré le choix de voix droites rehaussant la rugosité des cadences à double sensible ( Quam pulchra es ) ou certaines tensions harmoniques extraordinaires ( Flos florum ), l'absence d'accentuation nivèle la diction. Coloré de cordes et de vents, le phrasé manque paradoxalement du relief et de la direction que possèdent les versions purement instrumentales ( Specialis virgo , Gloriose virginis Marie ). L'ensemble perd finalement en dynamique ce qu'il avait gagné en éclat.

 

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