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Analyste:
Jean-Fortunier-Cateland Les enregistrements de ce chef-d'oeuvre se font trop rares. C'est donc une surprise réjouissante que de voir ces quatre interprètes en graver une version remarquable. Après les beaux disques du Hilliard Ensemble (Erato,1998) et de Musica Nova (Agogique, 2011), le jeune ensemble L’Ultima Parola, créé en 2019 à I'occasion d'un concert dédié à Ockeghem, impressionne de clarté et de perfection vocale. L’architecture de cette messe est fondée sur un (double) canon de prolation : chaque interprète réalise une des voix écrites dans une promotion différente - ce que I'on peut comparer à nos indications de mesure contemporaines. Ainsi, les voix commencent ensemble et le décalage augmente à mesure de l'inégalité des valeurs rythmiques. À cela Ockeghem ajoute des canons à tous les intervalles possibles, de I'unisson à la septième. On en trouvera un exemple parlant dans I’Agnus Dei ll, à deux voix. La tâche est donc ardue, et les musiciens parviennent à toucher d'autres oreilles que celles des anges: les indéniables qualités vocales des interprètes font entrevoir la richesse et la complexité inépuisables de ce parangon contrapuntique du xve siècle. On retiendra particulièrement I'emphase du Credo, dont l'éclat rhétorique ne fait jamais perdre de vue la précision. La déploration sur la mort de Binchois qui clôt le disque étonne par sa lenteur; cette dernière permet néanmoins de prolonger un peu davantage I'aperçu d'éternité qui se dessine. |
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