Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Outil de traduction |
|
Analyste: Denis Morier
Rapprochement inédit et justifié. En 1722, Hasse fut l'élève de Porpora, mais dès la fin des leçons, le Saxon et le Napolitain entrèrent dans une rivalité professionnelle mâtinée d'inimitié. Tous deux furent d'infatigables voyageurs, leurs opéras respectifs étant représentés dans toute l'Europe. La carrière du premier se partagea entre Hambourg, Dresde et Venise ; celle du second le conduisit jusqu'à Londres et Vienne. Chacun fut amené à composer (à l'instar de Vivaldi, représenté ici par deux concertos), pour les musiciennes des Ospedali vénitiens. Le Salve regina de Porpora fut ainsi taillé sur mesure pour une célèbre contralto des Incurabili, Elisabetta Mantovani. Hasse succéda à Porpora dans ce même établissement, composant à son tour pour ses virtuoses chevronnées des motets aux styles plus divers, certains résolument opératiques, d'autres intimistes, voire introvertis.
La voix souple et large de Clint Van der Linde lui permet d'affronter les techniques contrastées que réclament des œuvres à la fois proches et opposées. Le contre-ténor se joue des redoutables ruptures de tessiture du Nisi Dominus, des ciselures complexes du Salve regina de Porpora, des vocalises brillantes du Hostes averni et des exigences de souffle et de soutien dans les interminables mélismes de l' Alma redemptoris mater de Hasse.
Plus qu'un accompagnement, les onze cordes soyeuses et les deux continuistes attentifs des Muffatti forment un somptueux écrin, d'une délicatesse d'articulation et de nuances confondante. Nos interprètes semblent avoir scellé la réconciliation des deux rivaux. |
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews