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Analyste: Jacques Meegens Sur le livret du disque apparaît la photo d'un minuscule carnet tenu par des mains plus larges que lui. Cette reliure de brocart élimé et terni par le temps cache l'un des plus grands trésors de l'Histoire de la musique, dans un état de conservation exceptionnel : le chansonnier de Louvain, manuscrit polyphonique de la fin du XVe siècle redécouvert en 2015. Il réunit cinquante chefs-d'œuvre d'Ockeghem, Busnois ou Caron, aux côtés de nombreuses pièces anonymes. Avec son intégrale en devenir, Sollazzo réalise un instantané de vie musicale des années 1470. Si, à l'image du premier opus (cf. no 687), le deuxième contient une poignée d'œuvres inédites au milieu de pages célèbres (ainsi l'Ave regina de Walter Frye ou Le souvenir de vous me tue de Robert Morton), son esthétique se révèle différente. Là où l'album de 2019 tentait, en demi-teinte, de retrouver un soupçon de la théâtralité magistrale qui fait le succès - et la marque de fabrique - de l'ensemble bâlois, celui d'aujourd'hui assume la douce mélancolie de ces répertoires. La douceur s'illustre également dans l'effectif, remanié et étoffé, qui passe de six à dix musiciens. Trois voix masculines (un contre-ténor et deux ténors) remplacent le trio mixte. Les vièles dialoguent avec deux luths, et la flûte aérienne laisse place à une opulente sacqueboute qui soutient chalemies et douçaine. Les différentes combinaisons de timbres se mêlent en sonorités tantôt éclatantes, tantôt délicates, toujours d'une plénitude envoûtante. Dans ces répertoires où les interprètes doivent, à partir de quelques lignes laconiques, recréer des musiques telles qu'elles ont pu être entendues il y a plus de cinq cents ans, Sollazzo excelle avec historicité, inventivité, précision et finesse, dans les reconstitutions comme dans l'exécution. Incontournable pour les amateurs de chansons du XVe siècle. |
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