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Outil de traduction |
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Analyste:
Frédéric
Degroote Chanter le madrigal ne se résume pas à une question de beau son ni à une somme d'individualités, aussi chevronnées soient-elles. Et c'est d'autant plus dommageable quand on se frotte au Quatrième Livre de Monteverdi publié en 1603, véritable synthèse de la seconda prattica au tournant du XVIIe siècle et contenant certains des madrigaux les plus novateurs de la période. Des pièces maîtresses comme Sfogava con le stelle ou Si ch'io vorrei morire deviennent presque interchangeables, pâtissant d'une pulsation lâche, d'un phrasé uniforme qui amollit le discours et les ressources expressives - un comble quand on connaît la radicalité et la force dramatique de ces pages ! En vérité, c'est toute une vision d'ensemble qui fait ici défaut. La déclamation polyphonique non mesurée devient mesurée. Le propos devient flou, qu'il soit virtuose comme dans Io mi son giovinetta, ou contrapuntique dans le madrigal conclusif Piang'e sospira - où sont la modernité du rapport au texte, la tension, les entrelacs harmoniques stupéfiants ? On peine parfois à reconnaître ces œuvres et leurs subtilités, comme s'il suffisait de chanter la partition alors que l'art madrigalesque demande une attention - sans forcer le trait - de tous les instants. On retournera sans sourciller aux gravures solaires du Concerto Italiano de Rinaldo Alessandrini (1993, Opus 111) et de La Venexiana de feu Claudio Cavina (2004, Glossa) pour goûter toute l'éloquence montéverdienne. |
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