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Analyste: Paul de Louit Ces nouvelles Goldberg nous laissent sous le charme complexe et prégnant, presque addictif, que dégage l'interprétation de Hannes Minnaar. On est d'abord frappé par la finesse avec lesquelles le pianiste du Trio Van Baerle use du vocabulaire « historiquement informé », c'est-à-dire la grâce des agréments si parfaitement intégrée à une phrase habitée par le chant et la danse : un tactus impeccable joint, dès l'Aria initiale, à l'élasticité née du rapport subtil et jamais surjoué entre élans et repos. La recherche du caractère de chaque variation aboutit à une diversité de touchers et une exactitude de ton plutôt rares : une Variation VII vraiment al tempo di giga et non de sicilienne ; une véritable Ouverture en guise de Variation XVI, plus réussie encore que celle de Beatrice Rana. Du coup, l'extrême individualisation de chaque pièce ne pose pas a priori le cycle comme cycle : il se vit d'abord comme une suite pour se construire au fil de l'écoute et ne se dévoiler qu'au retour ultime de l'Aria (avec reprises). Au fil de l'écoute, disions-nous : car la réinvention des reprises aussi bien que l'ornementation rapportée ont cette fraîcheur improvisée, cette aise sans façons que confère une familiarité longuement acquise au concert avant l'enregistrement. Rien qui transpire l'étude ou le système, rien qui sente la démonstration : l'invention de Beatrice Rana jointe au naturel de Pavel Kolesnikov, l'élégance en prime. Aussi loin de la mélancolie métaphysique de Glenn Gould (1981) que de la sereine poésie de Murray Perahia, sur son somptueux piano à cordes parallèles, Hannes Minnaar parvient à se faire une place enviable sur les marches d'un podium déjà peuplé. |
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