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Analyste: Comme son aîné Keiser, Mattheson abonda la grande inventivité de l'opéra allemand à Hambourg au début du XVIIIe siècle. Les extraits de sa Cléopatra de 1704 révélés par Isabel Bayrakdarian et Jeanne Lamon (2004, CBC) font toujours désirer une intégrale. Après 1711, le compositeur tourna casaque vers l'oratorio avec deux douzaines d'œuvres, destinées non pas au concert mais à une exécution à l'église, avant et après le sermon (d'où comme ici une forme assez concise en deux parties), bien qu'ils sollicitent les chanteurs de l'Opéra, et donc un style éclatant.
C'est du moins le cas d'oratorios tels que David ou Das grösste Kind, gravés par Willens (CPO, cf. nos 572 et 577), au regard desquels ce Joseph de 1727, jusque-là inédit, a moins d'appas. Accompagnement limité aux cordes, hégémonie des voix masculines (le soprano n'a qu'une ariette minuscule), plus d'intéressantes bizarreries, comme une fugue a cappella pour quatre ténors ou la parodie chorale d'un madrigal de Lotti. Le sujet édifiant (la miséricorde de Joseph à l'égard de ses frères qui l'avaient vendu) ne donne pas lieu à une narration dramatisée, mais à une sorte de marqueterie méditative d'airs et de duos où Joseph (ténor) partage l'affiche avec Dieu, le Christ et la Dureté de cœur personnifiée.
Impossible ici de savoir qui chante quoi au sein de l'Ensemble Paulinum. Le rôle-titre revient semble-t-il au modeste Klemens Mölkner, délicat mais fade. Les basses ont plus de relief, mais l'application de l'équipe, déséquilibrée par un alto faiblard, ne suffit pas : poésie en berne pour le long chœur d'après Lotti, mollesse insigne de l'imprécation finale contre la cruauté. Des instruments timides ne dissipent guère ce sentiment d'indéfinition. Pour apprécier Mattheson, retour aux disques de Willens. |
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