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Philippe Ramin L’OPERA SE DIVERTIT ENTRE BERGERIE ET MYTHOLOGIE À une mise en scène imaginative répond la direction soignée de William Christie à la tête d'une distribution enthousiaste. Depuis l'Acis et Galatée de Lully en 1686, la pastorale héroïque connaîtra une longue descendance jusqu'à Rameau. S'y mêlent ordinairement des personnages allégoriques sur fond de poésie arcadienne comme dans ce Titon et l'Aurore (1753) qui évoque les amours contrariées du berger Titon et de la déesse de la naissance du jour. Intervenant en pleine Querelle des Bouffons, l'ouvrage qui tente de réconcilier la spontanéité transalpine et certains aspects stylistiques de la tragédie lyrique française, sut plaire à Rameau : « La troupe volage » de ses Boréades (1764) est en effet un hommage appuyé à l'ariette « L'amour vous appelle ». Enregistré sans public à l'Opéra Comique en pleine pandémie, ce bel ouvrage capté par François Roussillon plonge dans la culture de l'image animée, depuis les voiles d'Éole évoquant les danses de Loïe Fuller jusqu'aux anges diaphanes tout droit sortis de l'univers de Tim Burton en passant par les moutons façon Studios Aardman. Le metteur en scène et marionnettiste Basil Twist, assisté de Constance Larrieu, inflige une salutaire torsion aux conventions du genre en saturant l'espace de moutons,les projections vidéo métamorphosant les soieries en flammes ou en vents furieux,la magie des animations donnant vie aux poupées d'argile. Musicalement William Christie se promène avec aisance dans des contrées musicales familières dont il déjoue toutes les difficultés. Les textures instrumentales souvent alambiquées de Mondonville sont ainsi parfaitement dosées avec les voix. Quelques merveilles comme « Que l'Aurore tarde à paraître » font penser, dans ces conditions d'exécution, à Rameau. FRAÎCHEUR ET DÉTAIL Les parties de cordes particulièrement difficiles ne posent guère de problème à un orchestre allégé de ses altos et mené par l'excellent Emmanuel Resche au violon ; notons l'ouverture flamboyante où la direction expressive de Christie soigne courbe et détail... Dans un si luxueux écrin le plateau de chanteurs donne son meilleur. Marc Mauillon (Éole) tire de grands avantages de sa longueur de voix si singulière dans un rôle à l'ambitus important et aux vocalises délicates. Gwendoline Blondeel (l'Aurore) possède un timbre charmant et l'épatante Julie Roset (Amour) apporte fraîcheur et virtuosité à un rôle riche en ariettes escarpées. Toujours aussi embarrassé sur scène Reinoud Van Mechelen possède une couleur vocale idéale pour le rôle de Titon tandis que le Prométhée très amusant de Renato Dolcini profite d'un aigu facile et d'une belle autorité (« Qu'aujourd'hui l'argile respire »). Dans un style très drama queen Emanuelle de Negri campe une Palès tour à tour séductrice et menaçante, avec une totale liberté vocale. Les rôles secondaires font entendre les charmantes teintes de Maud Gnidaz,Virginie Thomas et Juliette Perret dont les costumes végétalisés évoquent quelque Carmen Miranda des marais. Pleine de fantaisie mais exempte de facilités cette version s'impose d'emblée. |
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