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Analyste: Simon Corley Glenn Gould jadis, Hilary Hahn plus récemment ont montré de façon éclatante qu'avec Bach, la valeur n'attend point le nombre des années. Bruno Philippe, qui n'a pas encore trente ans, peut donc légitimement aspirer à l'excellence. Servi par une prise de son naturelle, raisonnablement proche de lui et de son instrument, il varie le jeu et la sonorité, grâce à un archet tour à tour abrasif ou arachnéen sur les cordes en boyau. Il aborde le texte avec sincérité et détermination, lui conférant beaucoup de caractère et de liberté, ornant parfois les reprises. L'ensemble est riche en contrastes, moins entre les différentes Suites que dans la succession de leurs mouvements : le geste ample et puissant des préludes (Suites n° 3 et 6) frappe tout autant que l'ascèse des sarabandes et l'élégance des doubles menuets, bourrées et gavottes. Mais il y a aussi une véritable prise de risque technique et esthétique dont témoignent une spontanéité, une juvénilité voire une urgence auxquelles on n'est pas habitué dans ces œuvres. Le tempo est d'ailleurs souvent vif, trop pour ne pas bousculer l'articulation dans les gigues et, plus encore, les courantes (Suites n° 2 et 4). Pour s'en tenir aux versions saluées de longue date dans nos colonnes, on retrouvera donc assurément ici la « franchise » que Jean-Christophe Pucek prête à Bylsma (Seon), mais pas son « humble et patiente alchimie » (cf. n° 690 ), bien plus que la « modération » et la « somptuosité des sonorités » que Jean-Luc Macia entendait chez Jean-Guihen Queyras (HM, Diapason d'or) ou bien les « beautés veloutées », la « fluidité » et la « souplesse » qu'il appréciait chez Ophélie Gaillard (Aparté, Diapason d'or). |
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