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Analyste: Denis Morrier Enregistré à la Confraternità dei Santi Rocco e Sebastiano de Cumiana (Italie), en septembre 2018 et juillet 2020 par Giuseppe Maletto. Différentes combinaisons de voix au sein d'une image toujours aérée, bien définie et d'une belle amplitude. Parfois, quelques harmoniques émergent étincelants. Cette anthologie magistrale de « Madrigaux d'amour et de deuil », empruntant aux six premiers Livres de Monteverdi et conclue par la fameuse Sestina (ou « Larmes de l'amant sur la tombe de son aimée »), est surtout un bouleversant « tombeau », au sens baroque du terme. Entendez, l'hommage funèbre d'un des meilleurs ensembles spécialisés du moment - plusieurs fois récompensé dans nos colonnes - à l'un de ses membres fondateurs, décédé en 2020. Daniele Carnovich était une basse bien connue de tous les amoureux des répertoires anciens, en particulier montéverdiens. Ses graves profonds, son phrasé impérial, son intonation parfaite l'avaient distingué dans maintes productions du Vespro (Savall, Fasolis, Garrido, Alessandrini) ou de L'Orfeo (DVD Savall). Madrigaliste à la technique aussi assurée qu'à l'expression raffinée, il prit successivement part aux réalisations du Concerto Italiano, de La Venexiana et enfin de la présente Compagnia del Madrigale. Ici figurent ses dernières prestations : outre la poignante Sestina, toute de déchirements, d'emportements et finalement de résignation (y retentissent, pour l'éternité, les conclusions abyssales du chanteur), le glacial et affligé Rimanti in pace, ou encore les plaintes douloureuses et dissonantes d'Ah, dolente partita paraissent envahies de ténèbres sépulcrales et prémonitoires. Parmi les ultimes interventions de Daniele Carnovich, retenons aussi le subtil Era l'anima mia dans lequel, après avoir assuré la sombre unité d'un trio d'hommes dolents, il soutient avec clarté et assurance les deux sopranos, Rossana Bertini et Francesca Cassinari, jusqu'à une apothéose céleste, baignée de lumière. Bouleversante. Matteo Bellotto, qui lui a depuis succédé au sein de l'ensemble, n'en trahit pas l'excellence, comme le montrent les madrigaux plus souriants qui étoffent le programme. Le délicieux Zefiro torna, à la légèreté tout aérienne, ou encore les suaves Baci soavi e cari sont ici autant de caresses consolatrices. |
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