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Diapason # 711 (05/2022)
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Versailles Spectacles
CVS061




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Analyste: Jean-Philippe Grosperrin

Au lendemain de L'Europe galante (1697), Campra collabora durablement avec le collège jésuite de Louis-le-Grand en composant notamment des intermèdes (cantates, entrées de ballet, etc.) pour les spectacles fameux qu'y représentaient les élèves, secondés par des artistes professionnels. De même que Charpentier avait intercalé les actes de son David et Jonathas entre ceux d'une tragédie latine, les quatre parties de ce Destin du nouveau siècle (année 1700 oblige) s'entrelaçaient à un Maxime martyr. La partition a refait surface en 2015 sous la forme d'une copie d e 1740.

« Opéra-ballet », comme l'affiche la pochette ? Sous l'autorité de Saturne, le livret tient à la fois du prologue (amplifié) de tragédie en musique et de la dissertation scolaire : à l'éloge des armes, de leur gloire, succèdent les bienfaits de la paix avant que Pallas ne vienne proclamer une conciliation (un peu de guerre, un peu de paix, vive les arts). La beauté de la musique, dans les danses ou dans les grands tableaux n'empêche pas l'écueil d'une audition continue.

Surtout lorsque l'interprétation est, comme ici, indigente. Des chanteurs de qualité font certes ce qu'ils peuvent, avec plus ou moins de charme : Claire Lefilliâtre paraît éteinte, Florie Valiquette peu à son aise, Marc Mauillon (Mars convaincant) cherche en vain l'assise de Saturne. Les solistes masculins issus du chœur sont clairement dépassés, tel le coryphée en fausset du prologue, et les Chantres de Versailles ont assez donné ailleurs des preuves de leurs talents pour qu'on oublie ce qu'on entend ici.

La ruine de l'entreprise tient aux approximations permanentes d'un orchestre disgracié (les cordes !), mou et fruste, qui navigue à vue en peine de cohésion, d'articulation, sans direction - gare aux changements de mètre. Les danses, baveuses, sont un désastre, et l'audition complète des menuets vous gagnera peut-être le Ciel. Quant aux ensembles choraux où devrait culminer la célébration, ils tuent toute idée de faste. Dommage pour cet inédit.



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