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Analyste:
Luca Dupont-Spirio Le théâtre dans le sang. Convoité par les plus grands chefs d'opéra pour son génie du continuo, avant de monter sur le podium des Musiciens du Louvre puis d'Il Pomo d'oro, Francesco Corti bouleversait il y a peu la discographie handélienne avec des Suites pour clavecin dramatiques en diable 710 ). Cet album tient donc de l'évidence, qui le voit enregistrer pour la première fois l'œuvre lyrique du Saxon. Après Agrippina et Radamisto sur scène, et en attendant Tolomeo , le claviériste italien se montre ici modeste, choisissant deux cantates de jeunesse. Le sens et le soin du récit n'en éclatent que davantage dans Armida abbandonata où Kathryn Lewek déploie tous les charmes de la magicienne légendaire. L'instinct du chef, l'étoffe de la soprano fusionnent dans la plainte (« Ah crudele ») comme dans la fureur (« Venti fermate »), prêtant vie à chaque nuance. Débauche de verve, luxe de couleurs également dans Apollo e Dafne , pièce substantielle - près de trois quarts d'heure - proche de la sérénade. Dieu-soleil plein d'aplomb, prédateur tonnant, John Chest se montre peu vulnérable au moment des regrets (« Cara pianta »). Toujours enchanteresse en nymphe, un rien de subtilité en moins qu'auparavant (« Felicissima quest'alma »), Lewek répond d'un souffle large, souverain. Délicieux dans la pastorale, décapant dans les pages vives (« Mie piante correte »), l'orchestre campe un personnage à part entière, avec ses hautbois bucoliques, son basson mordant, son violon débridé. On le retrouve seul dans les danses d'Almira aux accents français ( Chaconne ), aux ombres tragiques dissipées par la sublime Sarabande qui deviendra « Lascia ch'io pianga ». À ranger parmi les références, aux côtés des Violons du Roy (avec Karina Gauvin et Russell Braun) pour Apollo e Dafne, du London Baroque (avec Emma Kirkby) pour Armida abbandonata .
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