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Analyste:
Roger-Claude Travers C'est aussi qu'il est soutenu par un ensemble d'archets subtil et réactif, un continuo d'une grande beauté. Dans l' Opus 10 no 3 de Leclair, difficile de départager Schayegh, scannant le détail avec une extrême subtilité, et le nouveau venu, moins dans l'agogique, tout en délicatesse. Un charmeur de serpent vous enserre ici dans la ligne mélodique qui se contorsionne sans agresser. Les échanges légers et élégants avec l'orchestre ravissent. Et ce passage " turc " dans l'Allegro assai de l'Opus 7 no 5, juste fredonné, à la fois enlevé et plein d'esprit ! L'arrogance de Locatelli ? Il n'en a cure. Ruhadze, avec un sens consommé du théâtre et de l'exhibition, jouait le rôle attendu. Langlois de Swarte franchit l'obstacle avec une sensibilité à fleur de note, beaucoup de souplesse dans le suraigu, et même une ironie amusée dans le Capriccio final. Le Largo pathétique met en scène un violon retenu, poignant, qui s'autorise de belles diminutions et joue avec l'espace sonore et le temps. Dans son RV 384 de Vivaldi, la course éperdue des cordes amorçant l'Allegro initial rappelle la version historique de 1958 avec Margherita Ceradini et l'Angelicum. Même esprit, même imbrication du discours soliste avec l'orchestre, avec en plus une intelligence du phrasé qui met en relief l'essentiel, avant le moment d'éternité du Largo et le tourbillon du finale. Voici enfin ce RV 179a qui, dans cette version conçue pour Anna Maria, gagne une dimension complexe. Cette langue sophistiquée convient à Langlois de Swarte. Il caresse comme Lola Bobesco (avec plus de tenue) l'Allegro ma poco, saisit au vol, dans le Largo, l'affetto, la pensée digressive qui s'échappe d'un ornement, suivi comme son ombre par ses complices attentifs. Tout est fin et vivant, jusqu'à cet Allegro final reconstitué par Olivier Fourés, d'une parfaite cohérence. Enthousiasmant ! |
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