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Diapason # 709 (03/2022)
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Château de Versailles
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Analyste: Loïc Chahine

Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est " pas de plaire ", fait dire Molière à Dorante dans La Critique de l'Ecole des femmes. Ce Bourgeois gentilhomme, assurément, a de quoi plaire. La pâte de l'orchestre, généreuse, rendant bien audible les parties " intermédiaires " (celles qui se glissent entre le dessus et la basse) nous ravit ; les chanteurs animent le propos de la Première Entrée du Ballet des Nations avec tant de maîtrise et de fluidité que, pour une fois, on s'en délecte. On apprécie autant l'air " Je languis nuit et jour " (tiré de l'acte I) où Eva Zaïcik se surpasse, le " Di rigori armato il seno " d'une Claire Lefilliâtre à la sensibilité parfaite. Marc Mauillon campe le Vieux Bourgeois des Nations avec gouaille, Zachary Wilder chante son épouse (ténor) avec grâce... Tout est théâtre pour Vincent Dumestre, qui caractérise les deux airs (dansés) des Italiens avec un art qui nous réjouit - la Chaconne des Scaramouches, Trivelins et Arlequins tant rebattue trouve ici de nouvelles séductions !

La production de 2005, mise en scène par Benjamin Lazar (DVD Alpha), appartient désormais à l'histoire de l'interprétation.

Il n'empêche : on mesure le chemin parcouru par Le Poème Harmonique en termes de son d'orchestre, de fluidité.

Il y a quelque chose de presque hollywoodien dans cette réalisation, du continuo aux effets d'instrumentation : percussions ici (gong à la fin de la Cérémonie turque), là guitare, musette ajoutée pour la Cinquième Entrée des Nations ... Et souvent Hollywood prend des libertés avec l'exactitude historique : un hautbois pour doubler la haute-contre de violon (des altos), vraiment ? et des violes de gambe (semble-t-il) à la place des quintes de violon (autres altos) ? Et cette alternance solo/orchestre dans le Premier Air des Espagnols nous paraît peu crédible d'un point de vue musicologique.

Le résultat, toutefois, sonne dans l'ensemble si senti, si éloquent, qu'il serait injuste de le condamner. Alors que les Symphonies pour le souper du roi de Lalande (cf. no 707) omettaient des indications écrites, l'élaboration se joue ici à un autre niveau.

Le puriste de l'historiquement informé (que nous sommes bien souvent) peut s'en agacer : cette fois, le charme opère.

Sacha Guitry notait à propos d'un de ses films sur fond historique : " Je revendique le droit absolu de supposer des incidents restés secrets et de conter des aventures dont je n'ai pas trouvé la preuve du contraire. " C'est un peu ce que Dumestre fait ici : il ne change pas ce qui est écrit, mais il se glisse dans tous les espaces laissés blancs, et les remplit avec autant d'efficacité que d'imagination.


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