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Analyste:
Jean-Christophe Pucek Extase spirituelle et sensuelle ont partie liée dans le Cantique des Cantiques. Les trois grands motets fondés sur ce livre biblique publiés par Pierre Robert en 1684 constituent une belle découverte. La tension presque érotique du Veniat dilectus meus, l'enivrement traversé de visions suaves et terribles de l'Ego flos campi, l'attente troublée, fiévreuse, du Nolite me considerare nécessitent un sens aigu de la gradation, une palette à la fois charnue et déliée, capables d'en rendre perceptibles les nombreuses oscillations rhétoriques. Olivier Schneebeli, déjà à la tête d'une anthologie de motets de Robert (K 617, 2009), aborde ces pages avec l'ardeur née d'une fréquentation passionnée. Il leur adjoint le Dum esset rex de Du Mont dont l'effusion s'exprime avec une grâce qui la canalise sans l'affadir ; la recherche d'équilibre magnifie le propos, lui ouvrant dans le " Dilectus meus " conclusif les portes d'un ravissement paisible. La réussite est moins égale dans les pages de Robert, en dépit de moments où l'harmonie de toutes les parties nous transporte, ainsi la première moitié de l'Ego flos campi , menée de main de maître. Quelques insuffisances du côté des solistes (premier verset du Veniat), un chœur pas toujours homogène qui peine parfois à se soulever, ne secondent pas l'énergie, la clarté d'intentions déployées par le chef, entraînant de regrettables fluctuations de tempo. Le Concerto Soave offre, lui, des couleurs raffinées (" Qui pascitur " du Nolite), une assise stable bienvenue. Ces fragilités ne sauraient détourner l'amateur d'une réalisation souvent touchante, qui contribue à élargir notre connaissance de la musique sacrée du Grand Siècle. |
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