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Diapason # 709 (03/2022)
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Analyste: Anne Ibos-Augé
 

Vaste compilation dirigée par Alphonse X, les Cantigas de Santa Maria sont en réalité un recueil de miracles de la Vierge tel qu'il y en eut dès le XIIe siècle, d'abord en latin puis en langue vernaculaire. Sa particularité : chaque miracle est dit en chanson. Cette entreprise vit le jour durant le troisième quart du XIIIe siècle et il est raisonnable de penser que le roi contribua à sa rédaction : quelques textes et musiques sont peut-être même de lui. Quatre manuscrits, dont certains somptueusement enluminés, conservent ce corpus de plus de quatre cents mélodies, qui disent sa popularité.

Sur tant de chansons - les Cantigas ont déjà fait l'objet de moult enregistrements dont certains fort réussis (Clemencic chez HM, Esther Lamandier chez Astrée, Alla francesca chez Opus 111, Gilles Binchois chez Ambroisie, Obsidienne déjà, chez Calliope, dont quelques pièces sont ici reprises) -, il faut bien opérer un choix. Celui de l'ensemble Obsidienne s'inscrit sous le signe de la couleur. Couleur vocale : voix solistes masculines ou féminines, ensembles féminins, masculins ou mixtes, l'accent est mis sur la singularité et le naturel de chacun. Couleur instrumentale : cordes frottées et pincées, vents et percussions soulignent ou doublent la mélodie, ajoutent contre-chants, bourdons et polyphonies. Les pièces vives et rythmées - en accord avec les sources manuscrites - alternent avec d'autres, plus méditatives et librement vocalisées.

On apprécie la jubilation née de la gourmandise sonore. Certaines pièces émeuvent particulièrement (Cantiga no 51, un rien orientalisante ; no 52 au début à découvert, poignant et retenu à la fois). D'autres surprennent joliment (no 79 inventant, pourquoi pas ?, une polyphonie en style de déchant pour ses derniers refrains ; Kyrie aux clochettes ; Congaudeant Catholici dont l'extrême lenteur permet de goûter les frottements mélodiques).

On regrette toutefois la systématique de certains gestes : interlude instrumental avant la dernière strophe, alternance entre voix solistes et ensembles, fins très allongées, souvent accompagnées de trémolos en crescendo, effritement final de l'instrumentation. Enfin, à moins d'être porté sur le kitsch, on fera l'impasse sur les vidéos de François Demerliac auxquelles renvoie la notice. Elles prêtent plus au rire qu'à l'émotion pourtant riche de ces chants : ils ne méritaient pas cela.




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