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Outil de traduction |
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Analyste: Jacques Meegens
Ici, un Ave maris stella aux allures de déchant du siècle, qui déploie ses volutes au-dessus du plain-chant. Là, un Gloria aux consonances austères et à la scansion trépidante, qui évoque presque les motets de Philippe de Vitry. Ailleurs, l'harmonie ronde et pleine d'un Magnificat en faux-bourdon, quasiment psalmodié, ou une ballade instrumentale au contrepoint ciselé. Si l'album semble embrasser trois siècles de musique, il n'explore pourtant que des manuscrits du milieu du XVe : La Morra met en lumière la diversité des styles musicaux compilés dans les riches sources d'Europe centrale, encore trop méconnues. Entre France et Italie, entre ars nova et « contenance angloise », les répertoires sacrés de la Cracovie médiévale cristallisent ces mélanges en une esthétique singulière. Fidèle à lui-même, l'ensemble bâlois bâtit un programme original et d'une minutie historique magistrale. Mais entre une restitution documentaire, dont la rigueur absolue - jusque dans la prononciation du latin en Pologne au Moyen Age -nous fait voyager dans le temps, et la reconstitution de pratiques d'improvisation et de répertoires instrumentaux, le compromis s'avère difficile. La Morra privilégie la première, et délaisse la seconde : leurs instruments (flûte, clavicymbalum, orgue portatif, luth et vièle), d'habitude flamboyants, se cachent dans un accompagnement discret des chanteurs. Solennel et suave, d'une élocution limpide, le quatuor vocal masculin apparaît d'autant plus éclatant.
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