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Analyste: Wissâm Feuillet Le genre du tombeau instrumental apparaît en France au début du XVIIe siècle : il s'agit de déplorer, dans une pièce de caractère aux dimensions amples et à la rhétorique affirmée, la perte d'un confrère musicien ou d'une personne de qualité. D'abord en vogue chez les luthistes qui en sont probablement les inventeurs, puis chez les clavecinistes, le tombeau séduit même les violistes : qui n'a pas été touché par ceux de Marin Marais dédiés à Méliton, Sainte-Colombe et Lully ? Michaël Dücker en compile une dizaine pour dessiner un itinéraire plein d'intérêt, propre et engagé, qui nous fait voyager des prémisses du genre (Gautier, Dufaut) à ses expressions les plus tardives, de l'autre côté du Rhin (Weichenberger, Weiss, Gebel), en passant par quelques escales moins funèbres et parfois plus dansantes - un prélude, une courante… et même une remarquable et insoupçonnée Fantaisie de Wilhelm Friedmann Bach qui ouvre le récital. La promenade inclut une transcription du Tombeau de Blancrocher de Froberger, originellement pour le clavecin.
Si la
prise de son tend à accentuer le pincer parfois un peu rude de Dücker,
enveloppant quelques passages d'une brume de notes (dans le Tombeau du Vieux
Gallot de Visée, par exemple), le jeu est souvent riche d'intentions. Ferme,
subtil dans ses nuances, il cherche vraiment à faire parler ces pièces où
l'expressivité doit être reine. Les connaisseurs seront surpris par certains
choix de tempos, et l'allant inhabituel, le manque d'ampleur aussi qui en
résultent - dans le Tombeau de Mézangeau (Gaultier) ou le Tombeau du
Vieux Gallot (Visée). Ils s'étonneront d'entendre telle contrepartie ou telle
pièce confiée à la harpe plutôt qu'à un second luth, sans pour autant que
l'écoute s'en trouve dérangée. |
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