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Outil de traduction |
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Analyste:
Jean-Christophe Pucek Négligé par l'Italie baroque, l'alto dut sa mise en lumière aux pays germaniques. On citera bien sûr le sixième Concert brandebourgeois de Bach, mais Telemann émancipe encore davantage le mal-aimé en lui offrant, vers 1715-1721, un rôle soliste dans un concerto de coupe corellienne da chiesa (TWV 51/G9), les deux « violette » convoquées par le TWV 52/G3 désignant sans doute un instrument un peu différent. Antoine Tamestit aborde les deux partitions avec un aplomb technique indiscutable et un plaisir manifeste. Dans le TWV 51/ G9, le chant du Largo, sans la pesanteur qu'y mettait Musica Antiqua Köln (Archiv, 2000), est d'une pudeur touchante, l'Allegro tout de fluidité. L'Andante concède en avancée ce qu'il gagne en affection, et le Presto s'ébroue sans éclabousser. Nourri par un dialogue complice avec Sabine Fehlandt, le TWV 52/G3 s'impose par ses nuances, la finesse de sa touche. Cette réussite doit beaucoup à l'Aka-demie für Alte Musik et à ses affinités avec Telemann. L'ensemble rend justice, avec beaucoup de subtilité, à son invention comme à son sens de la caractérisation. Dans l'Ouverture TWV 55/B8, les œillades de Colombine, les élans contrariés de Pierrot sont traduits avec art, tout comme la versatilité de La Changeante - quels Menuets caressants ! Pourquoi gâcher cette justesse d'intentions par des percussions importunes venant les surligner sans nécessité ? Complété par des transcriptions senza basso mettant en valeur le timbre chaleureux et la vocalité légèrement rauque de l'alto, l'ensemble n'illustre pas moins avec bonheur la rencontre souvent fructueuse entre un interprète et un compositeur d'égale curiosité.
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