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Analyste:
Jacques Meegens L'amour courtois trône au centre de la plupart des chansons de Dufay, et même plus largement de toute la production profane du siècle. Les plus optimistes verront dans le titre « Le Prince d'amours » une jolie lapalissade ; les autres, le prétexte à une compilation arbitraire de chansons polyphoniques du maître cambrésien. L'esthétique musicale, harmonieuse, apparaît fidèle aux canons portés par Dominique Vellard : des voix d'hommes rondes et des sopranos clairs, légèrement cuivrés, dialoguent avec un quatuor instrumental minimaliste. La douceur veloutée de la flûte s'y mêle à la langueur de la vièle, et les cordes pointillistes du luth à celles du clavicymbalum.
L'Ensemble Gilles Binchois ressasse les vieilles recettes qui ont fait son succès et sa longévité. Eclairé par des touches instrumentales en doublure ou en remplacement, le chant cache son manque de relief derrière une sobriété hiératique. La diversité de l'album ne repose finalement que sur les différentes combinaisons de voix et d'instruments. Pire, le programme recycle une poignée de chansons déjà gravées à l'identique par Dominique Vellard… dans les années 1980 (chansons de Dufay et Binchois pour Harmonic Records, 1987, et « Le Banquet du Vœu », Virgin, 1989). Rien n'a changé depuis trente-cinq ans : mêmes effectifs, mêmes caractères, mêmes instrumentations, et même absence de réflexion sur les sources musicales. La confiance aveugle en les éditions « modernes » (qui datent pour beaucoup des années 1960-1970 et se révèlent souvent imprécises, voire fautives) est désormais impensable pour les médiévistes en quête d'historicité. |
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