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Outil de traduction |
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Analyste: Jean-Christophe Pucek |
Rares sont aujourd'hui les enregistrements des Variations Goldberg à nécessiter deux disques, y compris en observant les reprises. On savait déjà, grâce à la captation effectuée pour la chaîne YouTube de la Netherlands Bach Society, que la proposition de Jean Rondeau revendiquerait une certaine ampleur ; le disque la confirme et l'accentue. L'Aria se déploie dans une atmosphère suspendue, onirique, qui préserve toutefois assez d'énergie pour ne pas s'enliser. On admire le discernement dans l'usage de l'ornementation, généreuse sans être envahissante, la conduite souple de la polyphonie, les défis assumés sans trembler, tel l'étirement de la Variation XXV, portée, magnifiée par le chant. La transparence de la VIII est admirable, une grâce que ne retrouve pas la suivante, scandée avec trop d'insistance, reproche qui vaut aussi pour la XV : la couleur désolée, voire tragique, du sol mineur est rendue avec sensibilité, mais ses soupirs finissent par sembler artificiels à force d'être appuyés.
Cette volonté démonstrative est le talon d'Achille de l'approche de Rondeau, maître absolu de ses moyens digitaux qui ne se retient pas de souligner ici rubatos (poseurs dans la Variation XVIII), là suspensions. Que de manières dans les déhanchés de la IV, dans la prudence de la XXIII ! Pourtant, juste avant, les XXI et XXII nous enchantaient par la justesse de leur caractère, l'obscur puis le clair de leur enchaînement.
Rondeau a beau, dans la notice, mettre ses Goldberg sous l'égide de Christian Bobin, inscrire le mot « silence » sur deux doubles pages blanches, la modestie de façade de son approche finit par sembler narcissique par sa recherche mal contrôlée de singularité. Ambitieuse, poétique dans ses meilleurs moments, sa lecture ne remet pas en cause la suprématie de Verlet (Astrée, 1993), Hantaï (Opus 111, 1993 et Mirare, 2004), Dubreuil (Ramée, 2016), sans parler de Leonhardt (DHM, 1978).
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